Archives départementales de l'Indre

Blanche d’Antigny, divette berrichonne ou vendéenne ?

Marie-Ernestine Antigny dite Blanche d'Antigny est née à Martizay le 9 mai 1840 et meurt le 27 juin 1874 boulevard Haussmann à Paris. Elle est enterrée au cimetière du Père-Lachaise. Fille de Jean Antigny, sacristain puis menuisier en banlieue parisienne, et de Florine Guillemain, Blanche d’Antigny est ce que l’on appelle une demi-mondaine. Elle se dépense avec entrain dans les bouffonneries d'Hervé dont elle joue aux Folies-Dramatiques L'Œil crevé (Fleur de Noblesse) ; toujours au même théâtre, elle participe en septembre 1872 à la création de Mazeppa de Charles Pourny. Après la guerre de 1870, elle part pour Le Caire où elle connaît un grand succès, y mène également grande vie mais laisse de nombreuses dettes. Elle meurt à l’âge de trente-quatre ans, seule, malade et ruinée.

Pour mieux connaître l’artiste, il faut reprendre la biographie d’Henry Lyonnet dans son Dictionnaire des comédiens français, publié en 1912. Selon Lyonnet, l’origine de cette comédienne a été longuement discutée. Ainsi, un correspondant de l'Intermédiaire des Chercheurs déclare qu'elle venait de Tournon-Saint-Martin, que son nom était Antigny et qu'il existait encore à cette époque des membres de cette famille. Un autre nous dit qu'elle était d'Antigny du canton de la Châtaigneraie en Vendée, et que son vrai nom était Blanche Vincent. Paul Haudry, qui a peint Blanche d’Antigny en Madeleine (le tableau est conservé au musée d’arts de Nantes) était de cet avis : « Elle est Vendéenne, comme moi », disait-il. Toutefois son acte de naissance comme son acte de décès ne laissent supposer aucun doute quant à son origine berrichonne.

« Grande, belle fille, bien découplée, point sotte, mais douée d'autant d'aplomb que de belle humeur, telle apparut vers la fin du second Empire Blanche d'Antigny, avec ses cheveux d'or et sa bouche sensuelle. Richesse de formes et de couleur, air superbe, gaîté constante et folle. “La muse des joies faciles” », a dit d’elle un chroniqueur.

Blanche d'Antigny embrasse la carrière de comédienne et arrive ainsi au théâtre. Elle suit alors une voie inespérée avec les bouffonneries d'Hervé aux Folies-Dramatiques en 1868 et 1869. Jouant l’ingénue excentrique de Chilpéric et du Petit Faust, elle est alors au sommet de sa gloire. Engagée momentanément au Palais-Royal, elle passe cependant presque inaperçue comme actrice.

Louise France, dans Les Ephémères m’as-tu vu, a écrit quelques pages vraiment vécues sur les amours de Blanche d'Antigny avec Luce, un jeune artiste qui meurt d'une phtisie galopante entre ses bras, ainsi que sur son arrivée en Egypte, quelque temps après la guerre : « On l'y voit suivie d'une amie, une grosse femme qui la suit partout, de sa femme de chambre, fille de cette dernière, et de son cocher, sans voitures et sans chevaux, un beau gars de quarante ans qui vivait admirablement à ses frais. Elle devait vingt mille francs à la femme de chambre et trente-cinq mille au cocher ! Ce manque absolu d'ordre devait être fatal à la malheureuse fille. Malgré la générosité du khédive, elle revint en France, traquée par les huissiers. Tout ce qu'elle possédait encore fut... égaré ou perdu en route. Une amie la recueillit et elle mourut... »

Archives départementales de l'Indre, 48 J 2B/164

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