Zulma Carraud (1796-1889), la confidente de Balzac
Estelle Zulma Tourangin naît à Issoudun le 4 germinal an IV (24 mars 1796). Son père, Rémi Tourangin, est un riche marchand d'Issoudun, qui rachète en 1803 le domaine de Frapesle, ancien moulin transformé en maison de maître, à la sortie de la ville. Le château avait auparavant appartenu à Tabouet de Frapesle, conseiller de la ville d'Issoudun, puis à François Carraud, président au grenier à sel de Bourges. Zulma épousa à vingt ans l'un de ses cousins, le capitaine François-Michel Carraud, fils de l'ancien propriétaire de Frapesle et instructeur à l'Ecole militaire de Saint-Cyr. Le couple s'installe en 1830 à Angoulême, où François-Michel Carraud est nommé inspecteur de la poudrerie.
On sait peu de choses de l'enfance et de la jeunesse de Zulma Carraud. Par l'entremise de Laure Balzac, sa camarade de classe, elle fait dans sa jeunesse la connaissance d'Honoré de Balzac. Tous deux entameront ultérieurement une correspondance soutenue - 137 lettres sont conservées, dont la plus ancienne date de 1829. Amie et confidente de l'écrivain, Zulma Carraud est une lectrice attentive de son oeuvre, qu'elle critique avec une liberté de ton attestant la sincérité de leur relation amicale, en dépit de leurs opinions politiques divergentes.
Lorsqu'en 1834, le couple s'installe à Frapesle, il aménage pour Honoré de Balzac une chambre et un bureau. L'écrivain séjourne à Issoudun à plusieurs reprises, en 1834, 1835 et 1838. Balzac profite de ce dernier séjour pour rencontrer George Sand à Nohant, où il séjourne du 24 février au 2 mars. Honoré de Balzac s'inspira à plusieurs reprises, dans son oeuvre, du domaine de Frapesle (Le Lys dans la vallée) et de la ville d'Issoudun (La Rabouilleuse).
En 1851, les Carraud sont contraints de vendre le domaine de Frapesle. Ils s'installent alors à Nohant-en-Graçay (Cher), chez Silas Tourangin, frère de Zulma. Celle-ci entame une nouvelle carrière d'écrivaine pour enfants, auxquels elle enseigne en outre la lecture. Son premier ouvrage, La Petite Jeanne ou le devoir, paraît en 1852 ; le dernier, Les Goûters de la grand-mère, en 1868. En 1882, elle doit quitter Nohant pour aller vivre à Paris chez sa belle-fille. Elle y meurt le 24 avril 1889, à l'âge de 93 ans.
(Dossier préparé par Anne Gérardot - Archives départementales)
A l'occasion de la Journée internationale des femmes, la Déléguée départementale aux droits des femmes / DDCSPP et les Archives départementales présentent, avec les collaborations amicales de Vanessa Weinling, directrice du musée George Sand et de la Vallée noire de La Châtre, et de Sylvie Giroux, directrice du château de Valençay, un choix subjectif de biographies dédiées aux femmes indriennes.
C'est aussi l'occasion d'écouter ou de réécouter Portraits de femmes, une récente émission de la série "Mémoires vives" réalisée par la radio RCF en Berry en partenariat avec les Archives départementales.