Adolphe Combanaire (1859-1939), un castelroussin aventurier, scientifique et amoureux de l'Asie
« Doté de tous les défauts de l’humanité, à l’exception de la peur », dit-on d’Adolphe Combanaire.
Il est le fils d'Eugène Combanaire et de Julie Dechaudat, aubergistes à Châteauroux, qui dirigent l’Hostellerie du Chêne-Vert, sur la place La Fayette. Le jeune Adolphe est né à Châteauroux en 1859. Destiné au commerce, il est envoyé à Londres pour y apprendre l’anglais, une idée peu répandue pour l’époque. De Londres, il embarque pour New York, où il décroche un brevet d’ingénieur électricien. Revenu en France, il est ingénieur dans une compagnie d’éclairage électrique parisienne en 1885 tout en suivant des cours des Arts et métiers. Il occupe ses loisirs à mettre en scène des pièces à succès au Théâtre des Variétés. C’est à cette époque qu’il s’intéresse à la gutta-percha, une résine extraite d’un arbre qui pousse en Malaisie, matériau indispensable à l’isolation des câbles sous-marins. Il part alors pour plus de vingt ans en Asie, de mai 1891 à août 1914, « dans un périmètre de cinq cents lieues autour de Singapour ». Il séjourne dans les îles indonésiennes et la péninsule malaise, sur les côtes du Siam, puis dans le sud de la Birmanie. Il rédige plusieurs ouvrages qui s’inspirent de cette période riche en péripéties, récits d’aventures mais aussi travaux plus scientifiques sur le Siam et le Cambodge.
Combanaire a par ailleurs l’esprit d’entreprise. Ayant remarqué que l’hévéa pousse plus vite à Sumatra qu’au Brésil, il rapporte des Indes néerlandaises, à l’insu des autorités, des graines d’hévéa qui, dès 1893, seront pour partie à l’origine des plantations de l’Indochine française. En 1894, il découvre des « gisements » de gutta-percha dans le nord de Sumatra où il invente deux nouveaux procédés de fabrication du caoutchouc. Toutefois, il y risque sa vie dans la guerre menée par les Hollandais contre le sultanat d’Aceh. Lors d’un retour en France, il s’intéresse à l’étain, réalisant quelques beaux bénéfices qu’il dépense largement. Il investit aussi dans le pétrole et participe à la découverte des gisements qui feront la fortune du rajah de Sarawak (Sultanat de Brunei).
Il se rend ensuite à Hong Kong et Shanghai, séjourne à Yokohama et retourne en France via Honolulu, San Francisco, Chicago et New York. Puis en 1899, Adolphe repart pour traverser Bornéo pour accomplir une longue randonnée d’un grand intérêt commercial, mais non dénuée de difficultés. Combanaire finit par revenir en France. Quelques mois plus tard, après 1900, le voici exploitant le guano de chauve-souris dans le golfe de Siam, puis les nids d’hirondelles, le cuivre, l’or, les huîtres perlières. Vers 1905-1910, il remonte le Mékong sur plus de 2 000 km, il s’égare en forêt dans les montagnes entre le golfe d’Annam et le Cambodge, il marche 200 km sans nourriture, et tombe in extremis sur un poste militaire.
En 1914, au moment où éclate la Grande Guerre, il est au Siam, exploitant le teck. Il a presque 55 ans, mais il s’engage volontairement au 95e d'Infanterie. Il est blessé deux fois et son bras droit broyé est amputé, ce qui lui vaut la Médaille militaire. Après sa convalescence à Nice en 1915, on lui propose le poste de gouverneur du Cameroun, qu’il refuse par mépris du milieu colonial. Sa vie d’aventurier s’achève peu à peu bien qu’il voyage encore en Europe (Italie et Espagne), mais surtout il écrit, mémoires d’enfance et de guerre et pamphlets politiques, probablement à compte d’auteur. Une notice biographique insérée en 1936 dans l’un de ses derniers livres le décrit à 77 ans cultivant son jardin à Châteauroux et préparant un ouvrage sur les grands fauves. Elle signale aussi sa distinction de Grande médaille d’or de la Société des études indochinoises (Saïgon) et ses qualités de Président honoraire des Médaillés militaires de l’Indre, de Président d’honneur des Anciens Poilus de l’Indre du 95e Régiment d'Infanterie et de Doyen des Très Vieux Poilus de l’Association des écrivains-combattants. Adolphe Combanaire, resté célibataire, décède le 22 juillet 1939.
Liste des ouvrages conservés dans la bibliothèque D des Archives départementales de l’Indre
Vers la Gloire ! En avant, Marche ! Adolphe Combanaire. – [S.l.] : Imp. Durassié-Malakoff, 1936. BIB D 103
Châteauroux pendant la guerre de 1870-1871. Adolphe Combanaire. – Châteauroux : Ed. Badel., 1928. BIB D 835