Le "Club des Maurice" de Châteauroux
La fête de saint Maurice, patron de l'infanterie et des teinturiers, est traditionnellement célébrée dans l'Indre. Plusieurs établissements artisanaux ont honoré ce saint patron, à l'instar du personnel de la teinturerie Margueritat implantée à La Châtre qui se réunissait à l'Hôtel du Lion d'Argent autour de leurs employeurs, les Dumas, se prénommant cocassement Maurice et Mauricette (reprise par les Duris dans les années 1960, l'entreprise a su perpétuer cette tradition). Durant cette décennie, Maurice est également fêté à Châteauroux par la teinturerie Lavigne dont les dirigeants, les époux Pottier, conviaient habituellement leurs employés au Tivoli des Marins autour d'un banquet pour honorer ce saint patron artisan.
En marge de ces manifestations professionnelles, un tout autre événement des plus originaux se déroulait à l'Hôtel du Faisan, situé face à la gare de Châteauroux. L'établissement tenu par Maurice Robert, organisait chaque année une soirée festive lors de la Saint Maurice (vers le 22 septembre), à laquelle était conviée des hommes portant tous le même prénom : Maurice.
Ce banquet placé sous le signe de l'amitié et organisé par le directeur de l'hôtel avec l'assistance de son acolyte Maurice Buisson, traiteur castelroussin (également président de l'amicale), réunissait ainsi le cercle des Maurice, notables de la région : Maurice Robert (patron du Faisan), Maurice Buisson (doyen du banquet), Maurice Palisse (président du tribunal de Commerce), Maurice Berthon (premier adjoint au maire de Châteauroux), Maurice Ferrandon (avocat à Châteauroux), Maurice Cuvereaux (médecin), Maurice Lissac (castelroussin), Maurice Ballon, Maurice Girard (d’Argenton-sur-Creuse), Maurice Béguin (d’Issoudun), Maurice Creton (directeur des établissements Alibert), mais aussi une Mauricette : madame Labas.
Loin de l’image du saint patron, martyrisé pour avoir refusé de participer à une cérémonie païenne, les Maurice, lors de leurs agapes, s’essayaient tous les ans à une nouvelle thématique. Ainsi, en septembre 1970, les convives goûtaient à un menu de fruits de mer. Des surprises agrémentaient parfois ce copieux dîner et divertissaient cette joyeuse équipée, tel que le mot laissé par Maurice Chevalier, en 1966, lu par Maurice Buisson au dessert : « Hélas ! Venir m’est impossible, je vous remercie tous de fêter ma fête. »
Cet événement festif a été couvert par la presse dans les années 1960 et au début des années 1970, notamment par deux journaux, La Nouvelle République et Centre-Presse. Les photographies exposées (extraites du fonds Ballereau, 89 J), représentent les Maurice et Mauricette dans les salons de l’Hôtel du Faisan, en 1966, l’une est parue dans La Nouvelle République des 24-25 septembre sur laquelle l’assistance est attablée et l’autre où les convives posent devant l’un des six panneaux peints illustrant la Vallée Noire (décor installé en 1952 et signé Jean-Louis Boncœur) aurait été publiée dans Centre-Presse, le 25 février. Bien entendu, le correspondant de La Nouvelle République venu rédiger l’article n’était autre qu’un Maurice, Maurice Croze de Meyssac, lui aussi convié à la table des Maurice.
Alors bonne fête à tous les Maurice !!!!