Meules et marteaux : des moulins en Brenne
Plan aquarellé de la châtellenie de Verneuil et plan général de deux moulins et du cours de la Claise
Le fief de Verneuil, vraisemblablement cité dès le XIIIe siècle, forme une avancée territoriale dans les fiefs de Bauché et de Lancosme. Il constitue ainsi la partie orientale de la seigneurie de Mézières à la fin du Moyen Âge.
Une description incomplète de ce fief nous est donnée dès 1548 par le contrat de vente de la terre de Verneuil, c’est-à-dire l’est de la seigneurie de Mézières, par Nicolas d’Anjou, seigneur de Mézières. Celui-ci vend la terre et châtellenie de Verneuil, incluant seize étangs, à Louis du Moustier pour la somme de 9000 livres tournois, soit 4000 écus d’or. Cette vente est vraisemblablement annulée à une date inconnue puisque la quasi totalité de ces biens reste jusqu’au XVIIIe siècle entre les mains du seigneur de Mézières.
Daté de 1759, le plan de la châtellenie de Verneuil est dressé par l’arpenteur du comté Grandat de Buzançais dont elle dépend. Il permet d’avoir un aperçu sur les étangs, bois et chemins dépendant du seigneur du lieu. On y repère les vestiges de la motte castrale de Verneuil, situés à l’extrémité de la chaussée de l’étang qui porte son nom. Cette motte est citée dès 1426. Ce plan témoigne également de l’habitat dispersé et des industries qui vivent le long des rivières et canaux : les moulins, mais aussi la forge de Lancôme, dont les marteaux sont actionnés par la force de l’eau, concentrée grâce à un barrage construit à l’extrémité de l’étang.
Les moulins font bel et bien partie du paysage de la Brenne. La Claise a reçu jusqu’à 68 moulins le long de son cours entre sa source aux environs de Luant dans l’Indre et le village d’Abilly en Indre-et-Loire où elle se jette dans la Creuse. Nombre de ceux-ci trouvent leur origine entre les XIIe et XIIIe siècles. Parmi ces moulins hydrauliques, on retient deux particularités sur la commune de Mézières-en-Brenne. Le Moulin Neuf tout d’abord, situé sur la rive droite de la Claise, doit son emplacement à une légère déviation du cours de la rivière. En 1830, selon le rapport dressé par l’élève ingénieur Lambert, cette usine se compose de deux moulins à blé placés dans le même bâtiment et mus par deux roues hydrauliques. Elles ont toutes deux un rayon de deux mètres. Ensuite, le Moulin de Mézières, situé dans le bourg lui-même, doit son fonctionnement au fait qu’il fallut creuser un canal de 1710 m de longueur dont une partie traverse la ville. Ce canal demeure encore aujourd’hui visible, bien que sa fonction d’alimentation en eau du moulin ait cessé.
Le plan général des deux moulins et du cours de la Claise sont plus tardifs : ils datent du 29 avril 1858 et sont signés de l’ingénieur ordinaire Sicot. Ces documents témoignent de la multitude et de l’importance économique des moulins, non seulement au coeur des campagnes mais également dans les bourgs. Leur nombre à la fin du XVIIIe siècle tend à diminuer lentement, en particulier à la faveur de la machine à vapeur apparue en Berry vers 1850. A cela s'ajoute l’exode rural progressif des habitants de la Brenne au cours de la première moitié du XXe siècle, ce qui conduit à un déclin inéluctable des moulins.
Archives départementales de l'Indre, 1 J 1639 (recoté 1 Fi 563) et S 1145/4 et 6