Archives départementales de l'Indre

1868 - George Sand écrit à Victor Hugo

Cette courte lettre datée du 30 août 1868, conservée dans la collection Joseph Thibault (48 J 11 B 1 / 65) ne représente certes qu'une goutte d'eau dans la volumineuse correspondance de la romancière. Mais elle témoigne des liens qui unirent George Sand à Victor Hugo bien que les deux écrivains ne se soient jamais rencontrés. George Sand y fait référence au décès d'Adèle Hugo (1803-1868), femme de l'écrivain, qui avait succombé quelques jours plus tôt à Bruxelles à une congestion cérébrale.

 

Mon coeur a été avec le vôtre durant ces jours amers, épreuve bien grande d'un grand courage. Que peut-on vous dire, à vous, que vôtre âme ne vous dise plus et mieux ? On peut seulement vous dire que plus le malheur vous frappe, plus on vous respecte et vous aime.

[Signé :] G. Sand.

Paris, 30 août 68.

 

Empreinte de respect, voire de déférence, la teneur de sa lettre illustre bien la nature des relations, courtoises mais néanmoins distantes, qu'entretinrent ces deux grands écrivains.

C'est également à l'occasion d'un deuil, celui de George Sand, qui perdit en 1855 sa petite-fille, que débuta cette relation épistolaire. Victor Hugo lui adressa en effet une lettre de condoléances. Ils correspondirent régulièrement jusqu'à la mort de George Sand, en 1876. Victor Hugo écrivit alors l'éloge funèbre qui fut lu aux obsèques de George Sand à Nohant le 10 juin 1876 et débute ainsi : Je pleure une morte, et je salue une immortelle. Je l’ai aimée, je l’ai admirée, je l’ai vénérée ; aujourd’hui dans l’auguste sérénité de la mort, je la contemple. Je la félicite parce que ce qu’elle a fait est grand et je la remercie parce que ce qu’elle a fait est bon. Je me souviens d’un jour où je lui ai écrit : « Je vous remercie d’être une si grande âme ». Est-ce que nous l’avons perdue ? Non. Ces hautes figures disparaissent, mais ne s’évanouissent pas. Loin de là ; on pourrait presque dire qu’elles se réalisent. En devenant invisibles sous une forme, elles deviennent visibles sous l’autre. Transfiguration sublime. La forme humaine est une occultation. Elle masque le vrai visage divin qui est l’idée. George Sand était une idée ; elle est hors de la chair, la voilà libre ; elle est morte, la voilà vivante. Patuit dea.

 

(Les informations relatives à la relation de George Sand et Victor Hugo et l'extrait de l'éloge funèbre proviennent du site des Amis de George Sand)

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